EXPOSITION • The Cloud Factory de Chris Donovan

EXPOSITION • The Cloud Factory de Chris Donovan

Le Centre culturel Aberdeen vous invite au vernissage de l’exposition The Cloud Factory de Chris Donovan. Cette exposition est présentée jusqu’au 19 mai 2023. L’entrée est libre. 

Description

Enfant, je regardais les cheminées de ma ville natale et demandais à mon père si elles produisaient tous les nuages du monde. « Non », a-t-il répondu. « Elles font de l’argent ». C’est une expérience courante à Saint John, une ville d’entreprise qui abrite la plus grande raffinerie de pétrole du Canada, capable de traiter plus de 320 000 barils de pétrole brut par jour.

The Cloud Factory est un projet photographique à long terme qui découle de mon expérience en tant que photographe de presse à Saint-Jean en 2016. Mes frustrations quant au manque de reportages critiques autour de l’industrie des combustibles fossiles ont conduit à mon désir de me concentrer sur les questions d’industrialisation dans la ville. J’ai passé les cinq années suivantes à photographier des familles qui étaient à la fois touchées par la contamination industrielle en raison de la proximité des sites industriels, et par les structures socio-économiques résultant d’une économie monopolisée.

Le projet reflète les réalités du classisme environnemental perpétué dans cette ville, qui abrite à la fois une famille de milliardaires et une partie importante de la population vivant sous le seuil de pauvreté. La famille Irving est propriétaire de la raffinerie et vit à côté d’un quartier où le taux de pauvreté des enfants avoisine les 50 %. Cette série de photographies vise à dénoncer l’injustice environnementale en réfléchissant à ma propre éducation et en abordant l’identité complexe d’une communauté dont la survie dépend d’une industrie nuisible.

La famille Irving a monopolisé l’économie locale et, jusqu’en 2022, possédait tous les journaux de langue anglaise de la province. Cette situation a créé une culture de la censure qui a permis à l’industrie pétrolière de contrôler le récit environnemental et de resserrer son emprise sur la communauté pendant des décennies. Ce projet met en lumière certaines des histoires qui ont été laissées de côté par cette censure.

L’une de ces histoires est celle de Lisa Crandall et de sa famille, qui vivent dans un quartier voisin de la raffinerie. En 2018, un pipeline de butane situé à environ 200 mètres de leur maison a laissé échapper au moins 30 000 litres de gaz naturel dans leur communauté sur une période de dix-sept heures. À la suite de l’incident et de la réaction publique qui en a résulté, Irving Oil a acheté et détruit au bulldozer certaines des maisons touchées par les dommages environnementaux ultérieurs. La maison des Crandall n’a pas été achetée. Depuis, la famille vit dans la crainte d’une nouvelle catastrophe, mais ne peut se permettre de déménager.

Saint-Jean est un microcosme de ce qui se passe à l’échelle mondiale, les grandes entreprises exploitant une main-d’œuvre bon marché à la recherche de profits perpétuels. Ces structures de pouvoir maintiennent les communautés industrielles malades et marginalisées, et incapables de lutter contre les sociétés qui les oppriment. Alors que le monde est à la croisée des chemins et que nous entrons dans l’ère de l’Anthropocène sous l’effet du changement climatique, les communautés industrialisées qui dépendent de l’industrie des combustibles fossiles pour leur survie semblent se diriger vers un effondrement inévitable. Ce projet soulève la question de savoir ce qu’il adviendra de cette communauté et d’autres comme elle en poursuivant sur cette voie.

En fin de compte, ce projet est ma lettre d’amour à Saint-Jean. Ma ville natale. Une ville que je trouve belle, intemporelle, stimulante, inspirante et étouffante tout à la fois.